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Édito d’André François-Poncet

Publie le 30.11.2022
#Edito

Chers actionnaires de Wendel,

À l’heure de remettre mon mandat au Conseil de surveillance de votre société comme je vous l’avais annoncé en juin, je vous remercie chaleureusement pour les cinq années passées à la tête de Wendel.

Nous avons affronté ensemble de forts vents contraires : des valorisations de sociétés cibles gonflées par une surabondance de liquidités créées par des politiques monétaires jusqu’alors inconnues, une pandémie mondiale, la guerre en Europe, l’inflation des coûts, et plus récemment la remontée abrupte des taux d’intérêt avec un effet brutal sur les marchés.

Lors de ma prise de fonction, le Conseil de surveillance m’avait assigné quelques missions prioritaires parmi lesquelles : simplifier l’organisation et le portefeuille de Wendel pour nous permettre de déployer une stratégie d’investissement sur des bases renouvelées, rechercher des participations porteuses de croissance et revoir les schémas de rémunération.

Il s’agissait, en premier lieu, de recentrer le portefeuille, de consolider nos implantations à l’étranger et de renforcer la structure financière de Wendel et de nos sociétés. Nous sommes sortis du capital de huit entreprises, surtout des plus petites en termes de valeur, en profitant de l’environnement de marché favorable aux vendeurs. La cession de Cromology, en particulier, après un réinvestissement risqué en 2018 après un changement de dirigeants, nous a permis de solder l’aventure Materis sur une note heureuse. Nous avons également clôturé la coûteuse aventure Saint-Gobain. Grâce à ce travail de recentrage, Wendel détient aujourd’hui un portefeuille plus lisible et plus cohérent et elle dispose d’une organisation performante. Le bilan de Bureau Veritas, a été considérablement renforcé et son endettement net, comme celui de Wendel, a été diminué et allongé à des conditions exceptionnelles que nous ne reverrons probablement pas.

Il s’agissait aussi d’amorcer le redéploiement du portefeuille vers des secteurs en forte croissance et de nous renforcer en Amérique du Nord, continent très porteur, culturellement proche de nous, où Wendel avait déjà fait ses preuves directement et à partir de son bureau de New York. C’est ce que nous avons continué à faire énergiquement, à concurrence d’environ 1 milliard d’euros en prenant le contrôle de CPI et d’ACAMS, mais aussi en étoffant le Wendel Lab avec des fonds américains reconnus. Ce travail est loin d’être achevé et il incombera à mes successeurs de le poursuivre. Wendel est d’ores et déjà structurellement plus exposée sur ce continent à des secteurs porteurs dans le domaine des services comme la formation et la lutte contre la criminalité financière, et la prévention d’actes de violence en milieux scolaires et hospitaliers. Wendel y est bien sûr présente aussi à travers Bureau Veritas, Stahl et Constantia Flexibles.

Il s’agissait, enfin, de comprendre et d’accroître la performance sous-jacente des sociétés en portefeuille, un travail plus discret, et de focaliser les efforts de nos équipes sur ces entreprises. À cet égard, les équipes de Wendel, et en particulier nos Operating Partners, ont réalisé une amélioration considérable du suivi des sociétés qui ont vu leur profitabilité progresser dans des proportions parfois spectaculaires, parfois grâce à des décisions difficiles. De la même façon, je suis particulièrement fier de la reconnaissance de notre engagement ESG qui permet à Wendel et à ses sociétés de se distinguer dans ce domaine en construisant un avantage compétitif durable sur leurs concurrents.

Sous la direction de Didier Michaud-Daniel, appuyé par une équipe de direction et un Conseil remaniés, Bureau Veritas s’est également transformée, modernisée et la société est désormais beaucoup mieux valorisée par rapport à certains rivaux.

Cet important travail de recentrage du portefeuille, et la progression de nos résultats, nous ont permis d’augmenter l’Actif Net Réévalué (ANR) par action en dépit de fortes déconvenues à ce jour sur la valorisation boursière d’une de nos grosses participations historiques. Nous avons pu effectuer des rachats d’actions opportunistes et, surtout, nous avons tenu à distribuer à nos actionnaires un dividende en croissance année après année (excepté en 2020), sans le suspendre pendant le Covid.

L’équipe de Wendel et celles à la tête de nos participations ont été considérablement renforcées et féminisées, et nos processus de décision sont plus robustes.

Votre société est aujourd’hui peu endettée, avec une ample liquidité, avec des actifs de qualité et elle dispose donc de marges de manoeuvre. Cette force de frappe permet d’envisager l’avenir avec confiance puisque nous avons conservé des moyens pour pouvoir saisir de futures opportunités dans un environnement de valorisations dont nous comptons qu’il va devenir plus favorable aux acheteurs.

Les conditions sont donc réunies pour poursuivre l’histoire de Wendel avec un nouveau Président du Directoire.

Je suis particulièrement heureux de passer le témoin à Laurent Mignon qui prend les commandes le 2 décembre et je lui adresse tous mes voeux pour Wendel dans les années à venir.

David Darmon a été un formidable associé pour moi au Directoire, apportant sa connaissance de la maison, ses talents d’investisseur, son expérience des États-Unis, son dynamisme, son intégrité et son jugement. Nous lui devons tous beaucoup, moi le premier.

Enfin, je remercie mes collègues chez Wendel qui sont extrêmement compétents, Priscilla de Moustier, Présidente de Wendel Participations, et vous nos nombreux actionnaires pour la confiance que vous m’avez témoignée durant ces cinq années. Je suis bien sûr particulièrement reconnaissant au Conseil de surveillance, vos représentants, sous la présidence éclairée, bienveillante, exigeante et constructive de Nicolas ver Hulst. Ils m’ont recruté, ils ont renouvelé mon mandat et ils ont soutenu nos projets en nous prodiguant des conseils précieux.

C’est avec émotion que je vous souhaite le meilleur pour l’avenir.

 

André François-Poncet